Sélectionner une page

KOMIANS et PHOSPHÉNISME


Par : Brou KOUAME Abidjan (Côte d’Ivoire)
Vice-président de l’ONG ASR (Alphabétisation et Santé en Milieu Rural)
Vice-président de l’OPGE (Organisation pour la Protection et la Gestion de l’Environnement)
Comme dans toute société traditionnelle africaine, il existe des prêtres ou prêtresses, interprètes entre deux mondes, gardiens et protecteurs de l’équilibre de la société. On leur attribue souvent des pouvoirs mystiques, la faculté de chasser les démons, de guérir ou encore de prévenir la société de grandes calamités.

En Côte d’Ivoire, chez les Akan, particulièrement chez les Baoulés dont je suis originaire, nous appelons ces prêtres ou prêtresse « komian ».

Pour rappel, les Baoulés, peuple majoritaire de la Côte d’Ivoire s’y sont installés au centre du pays après avoir quitté la confédération Ashanti de l’actuel Ghana, vers le XVIIe siècle, suite à une guerre politico-militaire. Face aux religions révélées que sont le christianisme et l’islam, les komians ont beaucoup perdu en presse. Ils sont tancés de suppôts de Satan ou d’imposteurs dont la seule foi est l’argent.

Quand j’étais encore enfant, je prenais du plaisir à voir les sorties des komians de mon village à Mlan-Kouassikro, dans le département de Bouaké, la deuxième grande ville de la Côte d’Ivoire. Les sorties des komians sur la place publique sont précédées par une préparation. Il s’agit entre autres de l’habillement des komians et l’installation des musiciens qui l’accompagnent. Ceux-ci dotés de tam-tam, de clochettes et divers instruments battent des rythmes en attendant la sortie du Komian confiné dans son sanctuaire. À la sortie du Komian, nous constatons un changement dans le rythme des tambours, qui passe d’un rythme lent à un rythme accéléré.

L’accoutrement du Komian est divers. Ça peut être un simple pagne blanc noué à la poitrine et un autre à la hanche s’arrêtant au tibia pour les femmes ou d’une culotte blanche quand c’est un homme, avec une ceinture au rein sur laquelle est monté tout un apparat. Le Komian peut être aussi coiffé d’un bonnet rouge incrusté de cauris et de morceaux de miroir. Du Kaolin badigeonne son corps tandis que des amulettes et des cordes sont nouées çà et là. Il tient des chasse-mouches à la main. Ses chevilles sont ornées de clochettes qui émettent des sons qui suivent le rythme de ses pas pendant qu’il danse.

Au cours de ses danses, le Komian, les bras détachés du corps tourne plusieurs fois comme les derviches. Ce mouvement va de pair avec le rythme de plus en plus rapide des tambours.

Selon ROUGET dans « La musique et la transe » c’est le rythme de plus en plus rapide qui ouvre les muscles, les viscères, les têtes à la pénétration du dieu attendu pendant ces cérémonies. Les danses exécutées par le Komian sont aussi diverses que variées. Il frappe le sol des pieds à un rythme lent et soudain change la cadence en l’accélérant. Il donne des messages dans un langage clair ou abscons.

Il arrive, pendant ses tournoiements, qu’un spectateur tombe en transe. On dit souvent que le Komian lui a transmis quelque chose. Il arrive que le Komian choisisse de toucher un spectateur pour le mettre dans un état second. De la poudre de kaolin ou des œufs de poules africaines sont jetés au visage des « possédés » soit pour les libérer de la transe soit pour les aider à délivrer leurs messages de l’au-delà aux vivants.

À l’aune des travaux du Dr LEFEBURE, nous pouvons apporter des lumières sur certains faits lors de ce type de cérémonie.
Le Komian au cours de sa sortie en public exécute plusieurs exercices du système phénique à la fois. D’abord il faut remarquer que le Komian sort toujours ou presque pendant une journée ensoleillée. Inconsciemment ou non, mais à peine sortie de son sanctuaire pour prester, il jette un regard vers le ciel lumineux comme pour s’assurer de la présence des esprits. Nul doute, il fait à ce moment un Phosphène et tout le long de sa chorégraphie, celle-ci sera ponctuée par ce geste.
Il exécute ensuite ce que nous pouvons appeler une marche rythmique en cognant le sol du talon, faisant ainsi résonner les clochettes nouées autour des chevilles. En frappant fortement le pied sur le sol, le Komian stimule à la fois l’Ostéophène ou phène des propriétés élastiques du squelette, et le Myophène ou phène lié à l’activité musculaire. Selon le Dr LEFEBURE, toute marche ou danse crée des synchronisations entre les hémisphères cérébraux. Cette marche, il la fait tantôt vers les musiciens, tantôt vers l’assistance.
Aussi en écoutant alternativement le son des tam-tams en tendant une oreille et ensuite l’autre oreille, il stimule l’Acouphène.

Enfin, lorsque le prêtre traditionnel lors de la danse fait des tournoiements, cela correspond au Gyrophène qui fait appel au sens de l’équilibre. Ceci provoque une montée en puissance de la koundalini. À ce stade, le rythme cérébral du Komian est tellement amplifié qu’il est capable de transmettre une pensée rythmée et provoquer chez autrui des énergies subtiles : une pensée, des images fantastiques, perception de plans subtils ou tout autre phénomène. Ces cérémonies sont de véritables moments de transmission d’énergie par télépathie phosphénique et donc d’initiation.

Nous venons ainsi de voir comment un prêtre traditionnel africain met en mouvement tout le système phénique.
Par le phosphénisme, nous pouvons comprendre aujourd’hui ce qui était un mystère impénétrable et dont le secret reste à ce jour gardé par une caste d’initiés.

Phosphénisme © Extrait de « Univers Énergie Phosphénique ».